EN ROUTE VERS ALEPH
De la colline oubliée à la colline inspirée,
D’un moulin à l’autre,
De l’exil à la rédemption.
Aleph est pour moi un chemin de vie…
L’année de mon Bac en 1973-74, notre professeur de philosophie, pourtant très province et terroir dans une école huppée du 7° arrondissement, s’était acharné à nous faire travailler sur les Cinq méditations sur l’existence de Nicolas BERDIAEV. J’étais fasciné, sans savoir trop pourquoi, le goût pour la métaphysique et la méta-histoire sûrement.
Je retrouvais ce parfum dix ans plus tard en regardant le film Solaris d'Andreï TARKOVSKI, à cette fin laissant entrevoir une lumière, promesse spirituelle qui reviendra un jour de l’Est. Et, un jour, en me promenant au crépuscule dans une clairière de la Forêt Noire allemande, dans le miroir de son étang, j’eus la vision « numineuse » de cette finalité.
La pensée d'AD GRAD, d’origine juive russe, descendant déclaré du GAON de VILNA, me fascina et me fit rentrer pile à la trentaine dans l’étude embryonnaire de la Kabbale. Le premier ouvrage qui se grava en moi fut La Kabbale du Feu (Dervy).
Sur la colline d’Issy-les-Moulineaux, dans mon pavillon « Jardins secrets », au fond d’une impasse, au numéro 11 propice à la révélation, je traversais là ma première nuit obscure, en peignant et en étudiant chacune des 22 lettres hébraïques.
Mon premier recueil de poèmes, "Force de Vie - la voie de la transmutation" fut préfacé très aimablement par ce même AD. GRAD.
De fait, j’avais aussi rencontré le livre d’Emmanuel LEVYNE, La Kabbale du Aleph (Tsédek), en y retrouvant Nicolas BERDIAEV, le philosophe et mystique chrétien russe, enterré pas loin, au cimetière du Bois Tardieu de Clamart (92). Puis ensuite, le bonheur de lire Dans le silence de l'Aleph de Claude VIGEE (Albin Michel).
Vers l’an 2000, je déménageais près de la Place Clichy, pour y connaître une seconde nuit obscure. Progressivement, je compris que le destin me dirigeait dans ce quartier, de Pigalle à Montmartre, une autre colline sacrée, pour la remontée vers Aleph. Des moulins d'Issy à ceux de la Butte. Comme l’avaient fait auparavant Emmanuel LEVYNE et ses Editions Tsédek.
Avec la clé transmise par ce dernier, j’entrepris d’ouvrir la porte de ce mystère apparent, que José-Luis BORGES, l’aveugle, avait lui aussi approché. Aleph devint pour moi une réalité vivante, guidé par un faisceau de signes et de rencontres, pour reconstituer un puzzle savant et contradictoire.
Et afin de gérer la contradiction entre Pigalle et Montmartre, Mikhaïl BOULGAKOV me fut un précieux viatique avec Le Maître et Marguerite (Pocket), pour tenter de circonscrire par le verbe la folie apparente et luciférienne de ce monde-là.
La clé, ensuite, vous la connaissez tous. Merci Amélie POULAIN.
© Eric LE NOUVEL