2.4 EN MAYENNE (53)

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LA GRANDE COURBE A BREE (53150) : « Son Donjon surplombe le temps »

 

Dans le magazine Chemins d’étoiles n° 8 de 12/2000, les articles « Son donjon surplombe le temps » par Miriam CENDRARS et Guy DEVER font « chronique d’une rencontre avec l’inconnu. » 

 

L’histoire de Guy DEVER, sa femme et ses quatre filles qui en 1972 achètent à Brée (53) le Château de La Grande Courbe, « chef-d’œuvre en péril ».

 

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Ils vont y faire plusieurs découvertes étonnantes :

 

- la fresque cachée, apparaissant uniquement quand le mur est lessivé par l’eau, de « La Tigresse au Miroir ».

 

-le nom du premier propriétaire du château : Guillemus de VEER, vers 1250, un homonyme inconnu jusqu’alors à Guy DEVER.

 

De cette dialectique visible-invisible, où les questions restent sans réponse, il nous est apparu important de chercher le code du lieu dans la trame du temps, notamment à travers les noms.

 

Essai d'interprétation :

La Grande Courbe, la traversée du Nom par Eric LE NOUVEL

 

Tout d’abord BRÉE = B - R : BARA : Beith - Resch : ב ר . Ce qui nous amène au premier verset de la Genèse :

 

BeReSHiT BaRa EloHiM : Au commencement Dieu créa par le Verbe, dans l’interprétation du Prologue de Saint Jean.

 

D’où la notion importante du cycle de naissance-renaissance, et d’auto-création.

 

« Jacob se réveilla de son sommeil et dit : en vérité, l’Eternel est présent en ce lieu et moi je ne le savais pas. » (Genèse 28 :16).

« Dieu est le Lieu (Maqom) du monde, mais le monde n’est pas le lieu de Dieu. » (Midrasch Rabba).

 

G-DVR  ג דבר  

 

Guillemus de VEER, Guy DEVER : à 700 ans d’écart nous retrouvons la lettre Guimel ג associée au mot hébreu Davar, DBR דבר: la Parole de Dieu, accordée dans le désert (l'autre sens du mot hébreu), les 10 Commandements, la promesse du Verbe.

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Mais ici, concrétisée dans son lieu, la Grande Courbe. Car « en hébreu le mot Davar désigne en même temps l’objet et la parole. Pourquoi le même mot ? Justement pour nous rappeler que l’objet n’existe que par la parole. » (Les Dix Paroles - Collectif - Ed. Cerf).

 

Et la courbe de l’espace-temps…

 

« Considérons le mot Davar – où le B se prononce « v »- et qui signifie « parole, chose, nouvelle, tâche, occasion, » ; il nombre également 26, car il additionne 4+2+20. On ne s’étonnera pas si DBR et YHVH entrent en résonance de fait de leur valeur identique : 26.

 

Enfin, n’est-il pas dans l’ordre des choses que la révélation du nom YHWH ait été faite à Moïse, le descendant de la 26° génération biblique depuis Adam, et le descendant de Sem (en hébreu Sh M signifie « Nom » ! ») dont la généalogie, en Gn, 21-30, contient précisément 26 noms ? » (in Le Nom de Gloire de Jean-Marie Mathieu, Edition DésIris.)

 

 DSC0512Entre Guillemus de VEER et Guy DEVER de 1250 à 1972, n’y a-t-il pas 722 ans, soit environ 26 générations !

 

Nous pouvons bien parler là de « Traversée du Nom », la lettre Guimel présente dans le G des deux prénoms, donnant la force de traverser le temps vers une libération, la parole de Dieu, une révélation cyclique ?

 

Les 10 Commandements sont les 10 Paroles reçues par Moïse au Mont Sinaï :

«  Tu ne feras d’idole (…), car Moi l’Eternel, Ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, punissant la faute des pères sur les fils, sur la 3° et 4° génération, pour ceux qui me haïssent, et faisant grâce jusqu’à la 1000° pour ceux qui m’aiment et observent mes commandements. »

 

Quel esprit souffle aujourd’hui dans la Grande Courbe ?

 

Ecoutons en creux Alain SUIED dans L’Ouvert, l’imprononçable

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 (II)

Chaque regard parcourt le monde.
Chaque parole traverse l’origine.

 

A chaque instant
L’objet t’appelle de silence
Pour que tu le nommes.

 

A chaque instant
L’objet se montre et disparaît
Pour que tu le voies.

 

A chaque instant
Tu nommes l’objet
Pour nouer le monde et l’origine.

 

A chaque instant
Tu rejoins
L’ombre du Nom.

 

(III)

La parole dévoile DSC0539
Mais elle ne résout pas
L’énigme.

 

La parole annonce
Mais elle n’institue pas
La relation.

 

Tu dois
Parler avec

 

 

Tu dois affronter
A chaque parole
L’ange de la Mort.

 

Tu dois accueillir
En toi
Le silence du monde.

 

(in Douma)

(…)

 

Il y a un lieu

 

Mais il est suspendu
Dans l’Ouvert

 

Un lieu disparu, souvenu
Morcelé

 

Mais il est inscrit ou discerné
Dans l’avenir.

 

Ta parole doit
sommer l’être.

 

(in Hébreux et Pharaons - Ed. Arfuyen)

 

© Eric LE NOUVEL

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(Nous remerçions Gaëlle de la BROSSE, de la revue CHEMINS D'ETOILES, pour son accord moral quant à la publication des articles précités. Ils m'ont permis d'envisager le concept de « Code des Lieux », et de faire une suite interprétative à l'histoire exceptionnelle de la Grande Courbe.)

 

 

En Septembre 2012, nous avons rencontré Guy et Marie-Thérèse DEVER à l'occasion de la visite de la Grande Courbe ouverte pour les Journées du Patrimoine.

 

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Le château est vraiment exceptionnel grâce à sa pureté des lignes que l'on ne trouve qu'au Moyen Age. Bien sûr, la propriété est hors du temps. Plus la restauration progresse, plus nous remontons à l'énergie de son origine.

 

Comprenez que dans la période des 700 ans qui sépare Guillemus De VEER et Guy DEVER, la propriété fut littéralement en-fermée, dans tous les sens du terme, pendant plus de 300 ans, et dans quel état. Loi d'entropie oblige.

 

 DSC0500Guy DEVER est vraiment l'homme clé de la néguentropie du lieu, mais en fin de compte le plus saisissant, le coeur de l'énigme, est bien la fresque de La Tigresse au miroir.

 

Dans des temps difficiles, isolés du monde, les premiers propriétaires prirent soin de faire réaliser par deux fois et dans des tailles différentes cette fresque issue de L'Histoire naturelle de PLINE l'Ancien. Les Pères de l'Eglise avaient deux interprétations différentes du même sujet : soit une illustration de la vanité de l'image et du monde, soit au contraire le reflet du miroir comme signe de l'existence de l'âme et de son chemin vers la rédemption.

 

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Nous avons ici le témoignage que l'homme scelle son alliance avec un lieu, et pourquoi pas avec le dieu de ce lieu, en laissant un symbole plus ou moins mystérieux, qui indique le secret, sans obligatoirement l'expliquer, et en l'inscrivant dans la durée. Comme en psychogénéalogie, où un secret de famille se transmet de génération en génération, et en auto-reproduction.

 

Il y a de fait un processus où l'âme traite avec le sacré d'un lieu, ou veut y laisser une trace du sacré.

 

 DSC0534Nous souhaitons donc à la famille DEVER de pouvoir aller au bout de leur démarche symbolique, restaurer la fresque de la Tigresse au miroir, afin de boucler le cercle de l'Orobros. Les deux vitraux restaurés sur ce motif sont de bon augure.

 

(Nous retrouverons une histoire similaire avec schéma fréquentiel dans Le Code de la Chapelle Sainte Anne à Vieux Pont en Orne).

 

 Riche Mayenne…et sa tradition cachée.

 

© Eric LE NOUVEL

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