3. ALGERIE

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3.1 PETITE KABYLIE : VALLEE DE LA SOUMMAM, L'ECHO DES VIVANTS

 Kabylie Bejaia copie

(Wikipédia)

Dans le pays de Béjaïa se trouve la longue et pittoresque vallée de la Soummam. On raconte que lorsque les émigrés sont partis depuis longtemps sans donner de nouvelles, leurs famillles et amis se rendent dans un endroit inconnu pour demander l'oracle naturel sur leur sort. Ils crient leurs noms trois fois dans un coin de la vallée : s'il reviennent en écho, c'est qu'ils sont vivants. Sinon, en cas de silence, ils sont présumés disparus.

La fééerie est aussi de mise dans dans la merveilleuse corniche sur la mer entre Jijel et Béjaïa.

Une histoire similaire est rapportée à Tigzirt près de Tizi Ouzou, en Grande Kabylie. Face à la mer, le Rocher des exilés, où à travers une ouverture on prie de revoir ceux qui sont partis. Ils reviennent souvent, dit-on...

 

3.2 KAHINA, IFRIKYA

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 CAHENA

LA KAHINA, JUIVE OU PAS JUIVE ?

© GEOPOLITIQUE BIBLIQUE (24/11/2007) - www.geopolitiquebiblique.com

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LA QUETE DE FEERIC

 

J'ai fait un tour dans les Aurès en 1999. La Kahina, tout le monde connait, mais entre la tradition écrite et orale, il y a une marge. J'avais lu tous les ouvrages disponibles sur ce thème. Et, pourtant, j'ai découvert que Khenchela n'était pas que le nom d'une bourgade. Mais aussi, celui de la fille de la Kahina. Comme quoi, il me restait bien des choses à découvrir...

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POURQUOI « KAHINA, FORCE DE DIEU » ?

 

Dans la vie, souvent, ce que l'on cherche, on ne le trouvera pas. Même avec acharnement.

 

Mais, parfois, les choses viennent à vous, sans les chercher. Et, moins vous en faites, plus cela arrivera, et mieux cela vaudra.

 

Mon histoire avec la Kahina est entre les deux attitudes.

 

Notre famille est arrivée en Algérie en 1962, alors que bien d'autres avaient déjà fait le chemin en sens inverse. C'était déjà une indication : être à contre-courant, dans un autre sens de l'histoire, cela pourra aider un jour à remonter le passé.

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Notre père était nommé aux Affaires Culturelles à Alger. Nous habitions au Mont Dore à El Biar. Nous allions mon frère et moi à l'Ecole Saint Joseph avec les Frères en soutane noire. On écrivait à la plume. En classe, les Algériens cohabitaient avec les Français, et cela se passait plutôt bien. Toutes les fêtes religieuses étaient respectées des deux côtés, et leur nombre total était plutôt sympathique.

 

La fin de l'année était un moment fort quand la monnaie scolaire, le noyau d'abricot, soigneusement économisé, faisait l'objet d'une vraie fête. On les jetait alors tous ensembles dans la cour, devenue un immense pot commun.

 

A cette époque, le tube des écoliers, c'était "donne-moi une allumette, pour que j'allume une cigarette...", en arabe bien entendu. La vie était simple dans l'Algérie d'avant la télévision.

 

Je me souviens un jour d'avoir vu un char de l'armée (en 1965) dans une rue d'Alger. Le Président BEN BELLAH avait été renversé. Un autre souvenir était une affiche sur un mur annonçant la visite de CHOU-EN-LAI.

 

Nous n'avons jamais eu de problème pendant cette drôle d'époque où les règlements de compte n'étaient pas rare. Nous étions protégés. En Orient, cela se comprend mieux qu'en Occident.

 

Pendant les vacances, nous jouions sur la plage à Pointe Pescade. On trouvait parfois des balles dans les rochers. Dans leurs Kahena2souvenirs, mes parents me racontèrent que le propriétaire de la maison de location parlait de deux promeneurs réguliers sur la plage. C'était un illustre inconnu de cette époque, un certain Abdelaziz BOUTEFLIKA, accompagné de son garde du corps.

 

Pourtant, rétrospectivement, tout ceci ne fut pas le plus déterminant. Mais plutôt la magnifique villa algéroise que nous habitions. Une ancienne maison habitée par les Frères BARBEROUSSE. A l'extérieur murs ocres et colonnes torsadées. A l'intérieur grand patio, céramiques, etc. Un petit palais de beauté. Ce fut-là l'un des moments le plus marquant de mon enfance.

 

Cette maison appartenait encore à une famille de pieds-noirs. Madame BOUGUET était une vieille femme charmante que tout le monde respectait. Entourée de chiens, elle nous entretenait régulièrement d'une de ses préoccupations, la recherche d'un certain type de cailloux. Ceux à tête de chiens. Elle scrutait le sol, et immanquablement, sa canne insistait à nous montrer la pierre à ramasser, qui nous prouverait le bien fondé de son idée fixe.

 

Pourtant, ce qui me marquera à tout jamais, et je le sais, c'est le jardin de la propriété, ou plus exactement la relation mystérieuse que j'entretins avec lui.

 

Les parents avaient entrepris de débroussailler à la main l'immense jardin ; ils arrivèrent à créer « l'allée des palmiers ». Il faut parfois peu pour être heureux.

 

Kahena3Rétrospectivement aussi, je compris aussi un jour, que c'est de là que commença ma relation avec la Kahina, ou à ce que je nommerais ainsi beaucoup plus tard.

 

Je passais des heures à fouiller tous les recoins de végétation, à scruter tous les détails de la nature. La magie du lieu opérait. Je faisais corps avec. Parfois, je sentais, ou imaginais, une présence féminine cachée, et présente par intermittence. Tout ceci laissa une trace indélébile, et nourrit ma sensibilité et mon imaginaire. L'Afrique me marqua ici et ailleurs.

 

Ce n'est que bien plus tard que je compris l'intensité de ce vers d'Arthur RIMBAUD : « Par la Nature - heureux comme avec une femme ! » (in Sensation).

 

Et quand j'étudiais l'histoire compliquée de l'Algérie, je réalisais que ce pays immense possédait ses habitants d'une relation entière et exclusive. Comme une belle femme dont les amants, les envahisseurs successifs se déchireraient, en lui vouant un amour sans borne, et qui finirait par la mort donnée par les plus forts. Pays redoutable par sa puissance d'illusion et de projection.

 

Curieusement aussi, c'est dans cet épisode algérois de mon enfance que commença ma relation avec les Berbères, et qui jusqu'à aujourd'hui, ne s'arrêta pas.

 

Bien entendu, notre Fatma - « Fatma » nous l'appelions, avec affection - était kabyle. Nous nous entendions bien, mais une force nous dépassait. Inexpliquablement. Elle pria peut-être pour que notre famille soit protégée.

 

Notre père était breton, l'amitié entre ces deux peuples est proverbiale, mais explique-t-elle une vibration commune ? Régulièrement, dans ma vie, un Berbère est sur ma route, pour me rappeler à notre alliance invisible.

 

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Le temps passa. Les souvenirs revinrent, et je mis à lire tous les livres disponibles sur la Kahina. Celui qui me plut le plus fut celui de Marcelle MAGDINIER.

 

Dans cette histoire compliquée, avec plus de fictions, de mythe, que de certitudes historiques, l'affaire est devenue politique. J'ai assez voyagé en Afrique pour savoir que la question nationale, ou plus exactement des nationalités, est beaucoup plus importante, que dans l'Europe des régions.

 

Donc, dans notre approche, pas de politique, que le culturel, le symbolique et le psychologique. Ami des Berbères, oui, mais pas berbériste. Chacun son créneau, et mis à part l'histoire, le roman de la Kahina a une dimension universelle. Il n'a pas encore donné naissance à une superproduction cinématographique digne de ce nom. C'est dommage que le producteur Tarak BEN AMMAR ne s'en soit pas occupé.

 

Comme beaucoup, j'ai cru un moment que Kahina était d'origine juive. Avec la prétendue racine Cohen, c'était séduisant, avec un certain courant littéraire pour cela. Mais la vraie racine est arabe, kahîn-sorcière.

 

Kahina2La question de la présence juive dans le Maghreb est complexe. Rappelons les derniers ouvrages publiés sur ce sujet controversé : La Kahena, Reine d'Ifrikya de Didier NEBOT (Anne Carrière-1998), et La Kahina de Gisèle HALIMI (Plon-2006). Il n'y a pas eu assez de fouilles archéologiques dans le pays de la Kahina, et notamment dans la colline du palais romain de Baghaï.

 

J'étais donc persuadé du retour de la Kahina comme archétype. Dans son livre Femmes d'Algérie, le Père Jean DEJEUX nous dessine les contours de l'éternel féminin d'Algérie, des vierges inviolées et pétrifiées du désert à la reine d'Ifrikya, en passant par Antinéa et l'Atlantide (de Pierre BENOIT).

 

De plus, le conte nous laissait entendre que Kahina avait eu un enfant avec un Vandale, donc un chrétien, et que son dernier fils était arabe, quoiqu'adoptif, et accessoirement son amant, quitte à le trahir auprès de celui qui viendra lui couper la tête pour terminer le cycle de l'Ifrikya. Un magni-fique conte oriental de guerre, d'amour, de folie et de mort.

 

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L'inspiration aidant, je décrétais que Kahina devenait en final un archétype, celui de la « Force de Dieu », émergeant en fin de cycle par la paix abrahamique, « paix-shalom-salam.. » Pure hérésie pour certains, et pourtant...

 

Eric-AuresJe demandais au Calligraphe Frank LALOU de me réaliser une composition sur ce thème, ce qu'il réalisa en 1997. La sphère bleue concentrique symbolise le mythe de l'éternel retour.

 

En 1999, je me rendis dans les Aurès pour me faire une idée : je visitais Batna, Khenchela, Baghaï, la région du Hammam Kniff, Hamman Salhine, etc.

 

Au passage, j'avais bien remarqué que la tradition orale ne recoupait pas entièrement la tradition écrite. Ainsi, le nom de la bourgade de Khenchela, est aussi celui de sa fille.Il restait donc une certaine marge à remplir.

 

RECHConsidérant l'histoire de l'Algérie, et la force de caractère des Chaouias, je me disais qu'il devait bien y avoir un quelconque fond de vérité cachée dans cette histoire de la Kahina, qui magnifiait en quelque sorte l'âme de ce pays.

 

L'insurrection contre la France fut bien lancée des Aurès en 1954, et depuis l'indépendance, sauf erreur, la totalité des Présidents est issue de cette région. Le Pouvoir vient bien des Aurès.

 

Dans l'interprétation kabbalistique d'AURES, il ne reste que la racine RES, soit la Lettre Resch, qui, rappelons-le, induit la tête, le principe, le sens des choses, la suprématie...La RES PUBLICA, la Chose publique, vous avez bien compris ?

 

Mais, ce qui m'alla droit au coeur, fut d'apprendre que sa statue allait être érigée dans son lieu. Vous vous rendez compte, la Kahina allait revenir après douze siècles d'absence (800 - an 2000) ! Si ce n'est pas çà la Force de Dieu manifestée dans son retour cyclique...?

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(Wikipédia)

De fait, la statue de la Reine KAHINA fut réalisée par l'artiste Ali BOUKHALFA, érigée à Baghaï, et inaugurée en 2003 par le Président Abdelaziz BOUTEFLIKA. L'inscription est uniquement en arabe, pas un mot en berbère. C'est cela la paix des braves. Mais, franchement, comme come-back, vu le contexte précédent, c'est pas mal du tout. Salam !

 

En 2007, dans le cadre de ma recherche sur « la Route du Code », je contactais Alexandre LEVY, du Kahina.Tifinaghblog www.geopolitiquebiblique.com d'une grande expérience du Code de la Torah. Qu'est ce que les matrices informatiques pouvaient enfin nous dire sur KAHINA ?

 

La réponse fut nette. Elle ne comportait aucune récupération. Tout simplement, la Kahina n'était pas juive. Trop beau pour être vrai, même si une part de mystère demeure, et restera non dévoilé. Par contre, Dihya, à coup sûr, une héroïne nationaliste.

 

Par ailleurs, débarrassé de son effet-miroir, le Code de KAHINA est clair : KHN = Khaf - Hé - Noun. Soit la force armée, le souffle de l'esprit, la tradition : ses trois attributs. Notre choix de la première lettre reste sur Khaf et non pas Qof, pour une interprétation basique et cohérente.

 

Dihya-Kahina était bien chef de guerre. Elle avait aussi le don de la vision. Elle devint kahîn - sorcière en attirant l'armée arabe de Hassan dans le défilé de la Maskiana, « rempli de maléfices », selon Ibn KHALDOUN. Sa victoire accomplie, elle règna quelques temps en Ifrikya, avant d'être vaincue et décapitée par le même Hassan. Mais elle entra dans l'histoire de son peuple, et participa à construire sa tradition.

 

CAHENA

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Au début du troisième millénaire, sur le plan des archétypes, la résurrection est accomplie. En final, tout le monde peut y trouver son compte. C'est bien pour cela que l'histoire vraie et rêvée de la Kahina est devenue un mythe à portée universelle. Son enjeu a traversé le temps.

 

Maintenant, que www.feeric-lieuxmagiques.com, est lancé, et que la Kahina y a toute sa place, je vais pouvoir enfin demander à Féeric de s'occuper de l'affaire.

 

Un jour ou l'autre, si Dieu veut, nous retournerons dans les Aurès, Féeric n'aura qu'une chose à faire : écouter.

 

Ecouter la tradition orale, écouter le sol, simplement ce qui vient du ciel et de la terre. Etre rempli de l'âme du monde, et devenir son porte-parole. En vrai berbère de l'origine...

 

Que la paix soit avec nous tous.

 

(à suivre)

 

© Eric LE NOUVEL

 

LIEN : "Une héroïne berbère : la KAHENA" par Fernand DESTAINQ in L'Algérianiste n°101, mars 2003 :

 

 

VIDEOS  :

- AMAZIGH KAHINA DIHYA BERBERE

- GISELE HALIMI : LA KAHINA - Radio Alger

- LA REINE BERBERE KAHINA - FRANK LEFEBVRE

- TADMAYT LA REINE AMAZIGHE KAHINA

 

 

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