PIGALLE OU LA FLUTE ENCHANTEE

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 (c) Emmanuel LEVYNE (Ed. TSEDEK - 1981)

 

PIGALLE copie

 

La pensée d’Emmanuel Lévyne  est fille de la Kabbale juive mariée à la Mystique russe, elle est née de l’influence de cet homme remarquable qu’est Emmanuel Rais, qui fut une lumière spirituelle pour le petit groupe de jeunes gens juifs qui s’étaient retrouvés à la Libération 60 rue Claude Bernard (aujourd’hui l’école Yabné). Peu le comprenaient, et même dans ce groupe deux seulement l’appréciaient à sa juste valeur. Raconter l’histoire de ces jeunes rescapés de l’Occupation serait trop long dans le cadre de ce petit livre, et elle est douloureuse et pénible.

 

Aleph

 

Comme entre tous les jeunes, l’Amour était présent au premier plan de leurs rapports et les motivait, et là où l’on parle du Aleph, l’Amour a pourtant sa place, car le Aleph c’est l’Esprit, mais c’est aussi l’Amour quand il ne s’est pas encore concrétisé. Le mot A-Le-PH décrit bien sa descente dans ce monde par la lettre PHé où il finit par s’objectiver dans la sexualité, la famille, la société où son feu s’éteint. Quand il naît, l’Amour est au niveau des lettres A (Aleph) - L (Lamed), il est pur, il vient du ciel, mais la lettre PHé  qui est celle de l’objectivation ne tarde pas à apparaître, et il meurt.

Dans ce quartier de Pigalle, où très curieusement Emmanuel  Lévyne s’était installé en même temps que son éditeur qu’il ne connaissait évidemment pas, les amours morts traînent dans les rues, les bars, les boîtes de nuit, les hôtels et même les studios. Est-ce encore un  hasard si les mots Pigalle, Prostituée, comment par le PHé final du Aleph ?

 

Moulin Rouge facade copie

 

Lu en hébreu le mot Pigalle est extraordinairement riche de significations. La racine PiGaL désigne précisément ce qui est dégoûtant et méprisable. Mais, surprise, dans le mot PigALle, on trouve les lettres du ALEPh. Quoi de plus naturel, que La Kabbale du Aleph soit l’œuvre d’un auteur habitant à Pigalle et sorte d’une maison d’édition dont le siège est tout proche de la place. Il est dans la logique, ou, plus exactement, dans la dialectique de la pensée kabbalistique que la lettre la plus pure, la plus divine, paraisse dans l’endroit le plus impur (1).

Et dans ce quartier où l’on afflue du monde entier pour se débaucher, c’est là où les gens et les maisons ont encore un aspect humain - et tout ce qui est divin est humain. Osons dire qu’il y règne, derrière les apparences, une certaine sainteté, pas seulement à cause du Sacré-Cœur qui le domine et le transcende. Le mot prostituée en hébreu ne se dit-il pas KeDèCHa, de la même racine que le mot KaDoCH, SAINT, qui désigne en premier DIEU.

 

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Derrière cet attrait de la débauche n’y aurait-il pas une aspiration secrète à la sainteté ? Ces femmes n’ont-elles pas pour fonction d’épuiser l’impureté, de vider, de décharger, et de prendre sur elles tout ce qu’il y a de plus sale dans l’homme, et de le mettre face à face avec l’animal, le cochon, le salaud qui est en lui et de l’en dégoûter ? N’y a-t-il pas une signification métaphysique de la prostitution ?

La Kabbale nous enseigne que la Chekhina, la Présence divine est en exil, prisonnière des forces de l’impureté, et elle peut donc apparaître sous l’aspect d’une de ces prostituées. La Kabbale nous apprend encore que les étincelles les plus saintes sont tombées dans les degrés les plus inférieurs de la matière. Ce qui tombe le plus bas vient du plus haut. Les Maîtres du Hassidisme parlent de la descente en vue de la montée. Le mot Aleph décrit ces mouvements mystiques comme Emmanuel  Lévyne  le montre dans la première partie de ce livre : AL, montée - PH descente.

 

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Le Divin qui a amené Emmanuel Lévyne et son éditeur dans le quartier de Pigalle pour sortir La Kabbale du Aleph avait donc une intention précise qui est celle de toute activité kabbalistique.

Et le mouvement du divin n’a pas amené seulement l’auteur et l’éditeur de La Kabbale du Aleph  dans ce quartier. A quelques mètres des locaux des Éditions Robert Dumas vient de s’installer un groupe de Hassidim de juifs orthodoxes, qui sortent dans la rue des Martyrs avec leur calotte rabbinique sur la tête,  attirant l’attention du passant dont le regard vient de se détourner de la prostituée aux seins presque entièrement dénudés, qui stationne quelques mètres plus bas. Ce quartier n’est pas seulement le lieu des amusements érotiques, il est aussi le lieu du jeu divin, du jeu des forces de la sainteté avec les forces de l’impureté. Et ce n’est pas dans le XVI° ou dans les grands ensembles qu’on pourra assister à un tel spectacle.

 

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Dans un texte du Zohar (II, 183b-184a) qu’Emmanuel Lévyne publiera dans une deuxième édition de sa Petite Anthologie de la Mystique juive , il est écrit : « Les paroles de la Thora ne trouvent leur sens que dans cet endroit (l’Autre Côté). Il n’y a de lumière que celle qui sort des ténèbres. Lorsque l’Autre Côté est vaincu, alors le Saint, Béni soit-Il, s’élève et se glorifie. On ne peut servir le Saint, Béni soit-Il que dans le ténèbres, et il n’y a de bien que dans le mal. Lorsque l’homme s’engage dans une mauvaise voie et l’abandonne ensuite, alors le Saint, Béni Soit-il s’élève dans sa gloire. La perfection intégrale comprend le bien et le mal. Mais il faut s’élever finalement dans le bien. Il n’y a de bien que celui qui sort du mal et par ce bien la gloire de l’Eternel s’élève. Tel est le culte intégral. »

Pour Emmanuel Lévyne, ce ne sont pas des enseignements théoriques, des spéculations intellectuelles. Le Saint, béni Soit-il, l’a contraint à les vivre, à en faire l’expérience.

Et l’épreuve a été dure, terrible, - ô combien !

La Flûte Enchantée…

 

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(1) Le lexique biblique Marchand-Ennery traduit le mot PiGouLLe : impur, ce qui est abomination.

GALLE  venant d’une racine hébraïque signifiant s’exiler ou se révéler, on peut traduire PIGALLE : le lieu de lexil ou de la révélation de lAleph.


En relisant le manuscrit, l’éditeur nous apprend que celui qui a donné son nom, Pigalle, à ce quartier était sculpteur, donc un créateur, un homme Aleph.

 

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Pigalle,  Montmartre, cest le « village » des artistes les plus célèbres.

Les noms déterminent les caractères des lieux, des personnes et des peuples, daprès la Bible. 
Le nom a un pouvoir magique, qui provient des lettres hébraïques, plus ou moins occultées dans les langues étrangères, mais quun travail, une analyse kabbalistique permet de découvrir, selon les méthodes dAlexandre Weill et du Dr Paul Azoulay.

Est-ce un hasard si ce même éditeur (*), du haut de Pigalle, publie un gros volume qui révèle la musique de la Bible (**), du Roi David, lancêtre du Messie à venir ? La musique du Temple de Jérusalem, de lendroit le plus sacré du monde, révélée, éditée, du lieu le plus profane de la terre, nest-ce pas impressionnant ?

 

shekhinah

 

Nest-ce pas le signe que la Chekhina, la Présence divine, exilée, prisonnière de l « Autre Côté » amorce un mouvement de Libération. 

Et ce signe ne devrait-il pas être déchiffré, lu, compris, par tout ésotériste ?

 

© Emmanuel LEVYNE

 

(*) Robert DUMAS
(**) Ha
ïm VENTOURA

(NB : Photos Moulin Rouge : Wikipédia).

 

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EMMANUEL LEVYNE

 

Né à Paris en 1928, de parents français, originaires de Russie et de Pologne.

Etudes rabbiniques. Disciple d’Emmanuel RAIS.

Enseigna à de nombreux élèves, dont AD GRAD et Annick de SOUZENELLE (*)

Rédacteur et Editeur de la revue TSEDEK, depuis 1955,  basée d’abord à Issy-les-Moulineaux, ensuite en 1976 à Paris-Montmartre (9, rue Chappe, 75018 Paris ).

Décédé en 1989 à Morlaix (29600).

 

(*) Re :

« Autour des années 1958-1960, mon mari et moi allions chaque dimanche après-midi nous enfermer dans un quartier douteux du quartier de la République, à Paris, pour contempler la pierre précieuse d’Israël qu’Emmanuel LEVYNE tirait amoureusement de ses enveloppes conventionnelles. (…)
Si plus tard nous nous séparions d’Emmanuel LEVYNE…nous ne pouvons oublier les heures lumineuses que nous lui devons. »

(in La Lettre Chemin de Vie d’Annick de SOUZENELLE - Albin Michel).

 

« Son père est mort en déportation, après avoir été arrêté à Paris alors qu’il accompagnait un ami aveugle à une messe à Notre-Dame. Il fut un précurseur, un pionnier du rapprochement entre juifs et chrétiens. » (in Lettres d’un poète breton à un Kabbaliste » d’Aël WAROK - Tsédek).

 

Livres Levyne copie

BIBLIOGRAPHIE

 

Judaïsme contre Sionisme (Paris, Ed. Cujas 1969)
Le Royaume de Dieu et le Royaume de César (Le Réveil 1973)
Le judaïsme contestataire et révolutionnaire (Tsédek 1974)
Petite anthologie de la mystique juive ( Tsédek 1975 et 1979)
La Kabbale du Aleph (Tsédek 1976)
La Kabbale du Commencement et la lettre Beith (1981)
Un kabbaliste à la rencontre de Nicolas Berdiaev (Tsédek 1977)
Lettre dun kabbaliste à un rabbin (Tsédek 1978)
Caïn et Abel : la Kabbale de la révolution de la lettre Zayin et du nombre 7 (1985)
Le myst
ère du Nom divin Élohim et la Kabbale de la lettre Hé (Tsédek 1980)
La Kabbale de la Bretagne d’après Roland Peschard (Tsédek)
Une figure de proue : Liliane Bedel (Tsédek)
L
Apocalypse : la fin du monde (Tsédek)
La révolution juive (Tsédek)
Dieu est rupture de lordre naturel (Tsédek).

 

Zayin Levyne copie

 

VIDEO

Histoire de la Kabbale

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