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EDITORIAL N°2

 (Novembre 2012)

 

1 - DEFENSE ET ILLUSTRATION DE LA FEERIE

Bonjour,

Depuis le lancement de ce site en Avril 2012, en longue gestation, car il faut trier entre les projets du passé et les réalités du présent, tout en préparant l'avenir, nous avons eu le grand plaisir de découvrir le livre d'Irène FERNANDEZ, publié chez Philippe REY,

DEFENSE ET ILLUSTRATION DE LA FEERIE

Du Seigneur des Anneaux à Harry Potter :

une littérature en quête de sens

affiche-Le-Seigneur-des-Anneaux--la-Communaute-de-l-Anneau-The-Lord-of-the-Rings-The-Fellowship-of-the-Ring-2001-1Philosophe et théologienne chrétienne, Irène FERNANDEZ s'est illustrée entre autres par sa virulente réponse à Michel ONFRAY dans Dieu avec esprit (même éditeur) quant au principe de religion, et aussi par ses publications régulières sur le monde de la féerie, comme autant d'analyses originales.

Dans ce dernier essai magistral, révélant la maîtrise de l'auteur sur le sujet, une synthèse voir le jour, basée sur l'analyse de quatre textes fondateurs :

  • Le Seigneur des Anneaux deJRR TOLKIEN,

  • Les Chroniques de Narnia de CS LEWIS,

  • Harry POTTER de JFK ROWLING,

  • Twilight de Stéphanie MEYER.

Nous nous sommes permis cette longue liste de citations pour en faire une démonstration détaillée et pédagogique :

  • « N'entre pas qui veut au pays de féerie, et ne communique pas qui veut la vision qu'il en a eue. Or ce qui séduit tant dans ces oeuvres singulières, c'est justement cette vision... 

  • Créer un univers féerique qui se tient n'est pas aussi aisé que semblent le croire trop d'auteurs contemporains de Fantastika. Le genre féerique (…) repose uniquement sur la force de l'imagination... HP prisonnier dazkaban

  • ...la quête est bien un des thèmes essentiels des oeuvres féeriques... 

  • ...les contes sont d'abord fait bien sûr pour « donner du plaisir », mais ils le sont tout autant pour « nous donner une connaissance plus profonde du monde et des hommes et de notre destinée. »

  • La vie réelle a aussi une qualité mythique...

  • En Faérie, les histoires ont-elles vraiment une fin (…) l'imagination ne cesse pas d'oeuvrer à des mondes toujours ouverts à de nouveaux rêves ? 

  • Le propre des cycles de la fantasy est de se donner « structurellement comme à jamais infinis... »

  • Discrimination de la féerie par rapport au roman où l'on y accepte davantage « la substitution d'un monde plus vrai que le monde réel... »

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  • « Il y a bien quelque chose de redoutable dans le pays de Féerie », comme le dit Salman Rushdie... 

  • Manichéisme apparent (de ces histoires) : l'essentiel du conflit n'est pas là, il est d'abord dans l'âme de chacun... 

  • Mais le roman féerique insiste, en retraçant l'évolution (des héros), sur le choix qu'ils y font de leur destin, et rappelle sans équivoque que « la grande affaire de toute vie est ce choix terrible. »

  • Selon Tolkien, la féerie est le contraire d'une régression infantile.

  • Harry Potter n'incite-t-il pas à le lecteur « à en finir symboliquement avec la magie de l'enfance, » ou à « quitter l'éternelle enfance. »

  • La féerie contemporaine (…) nous invite au contraire à regarder en face (la mort, l'une des réalités les plus occultées de notre époque. Harry Potter, une méditation sur la mort ?

  • Voici que nos contes, sous leurs airs légers, (…) semblent reposer sur des convictions profondes au sujet de la nature de l'homme et de son destin.

  • Une des fonctions de la féerie de contrecarrer la dérive de ne croire que ce que l'on voit, et d'éveiller à l'étrangeté du monde, au rêve des possibles...

  • Vers un savoir de l'invisible, percevoir la qualité de l'univers réel, « la réalité divine, magique, terrifiante et extatique où nous vivons tous, » hors des sentiers battus.twilight11

  • Sauvegarder la valeur de l'expérience poétique du monde, en affirmant que la « science » n'a pas le dernier mot sur les choses.

  • Tolkien défend la vision « féerique » contre l'aveuglement d'un certain type de rationalisme qui est loin d'être mort.

  • Seul l'imaginaire symbolique peut développer en chacun la vision imaginative capable de vivifier le regard posé sur le monde.

  • La féerie pourrait rendre vie à l'idée que l'univers entier pourrait se lire comme un livre,le « livre de la création »...

  • Des croyants comme Tolkien et Lewis pouvaient dire que l'Evangile est le conte de fées par excellence.

  • La théologie, occupée à discerner un sens absent du monde, relève-t-elle de la littérature fantastique, ou la littérature fantastique a-t-elle quelque chose de théologique en nous racontant des histoires qui nous rappellent au contraire un tel sens ?

  • Nature féerique de la foi chrétienne, ouverture possible du féerique sur du théologique ?

  • Chercher à tout prix la morale de l'histoire empêche de recevoir le conte comme il faut, d'en ressentir la poésie...

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  • Le polythéisme féerique peut se comprendre, non comme une négation de la transcendance, mais comme un hommage qui lui est rendu.

  • Selon Benoît XVI, il y a deux représentations du Jugement dernier dans les églises et les cathédrales (…) le Jugement proprement dit, image de la responsabilité humaine, et le retour du Roi, image de l'espérance.

  • La littérature chrétienne et féerique doivent avoir un but commun, « donner le pressentiment de « cette transfiguration de toutes choses qui constitue l'objet suprême de l'espérance chrétienne. »

  • la question de l'avènement de la justice y est aussi posée...

  • mais le royaume de Faërie n'est pas la Jérusalem céleste, seul un « écho lointain » de la « bonne nouvelle, » selon Tolkien. »

En final, dans son brillant plaidoyer qui dévoile les vrais enjeux de la Féerie comme Porte de l'Invisible, Irène FERNANDEZ, plaide sa cause dans son propre camp, mais aussi contre l'adver-saire principal, le positivisme, le scientisme, les effaceurs de rêve...

Et laissons-la conclure par son mot de la fin dans l'émission Féeriques tirée de la série Pas la peine de crier de Marie RICHEUX (France Culture le 23/5/12) : « La féerie est une littérature profondément épanouissante. »

Nous adhérons bien sûr à cet éclairage, en rappelant que l'âme celte et l'âme chrétienne font bon ménage depuis longtemps. Pourquoi ? Nous espérons approfondir plus tard cette introspection de l'âme humaine en rappelant que toute vraie religion repose sur un principe, la Loi et sur une expression, le récit symbolique. S'il y a Révélation, elle passe d'abord par notre cerveau et notre psychologie, et répond donc à des besoins fondamentaux.

Et en ce qui concerne la vision de Féeric, les Lieux magiques, elle consiste à rendre le monde normal, extraordinaire, en dévoilant sa nature profonde. L'imagination au service du réel, en somme. Mais l'objectif reste ouvert : créer un univers original.
 

 2 - NEWS

 

Que ressort-il de nos premiers débuts en féerie en exposant à Monthermé, Bilzen, etc. ?

Eh bien, le petit monde actuel de la féerie n'est pas la cible principale de notre projet.

Disons le clairement, mis à part les maîtres précédemment cités, la renaissance du « petit peuple » doit beaucoup à la  DSC0217stature de l'elficologue, auteur et illustrateur, Pierre DUBOIS, trônant dans un marché d'illustrateurs, ses enfants spirituels, dont le credo des amateurs qui font la queue sur leurs stands, semble être « dessine-moi une fée... »

Dans une ambiance indéniablement bon enfant et sympathique, seule une minorité de talents et de succès émerge. La priorité est à la forme, avec une dérive narcissique et phagocytaire d'un nombre toujours croissant de personnages féeriques. Un joyeux brouillon de culture qui témoigne de la force imaginative de ce domaine.

Mais la rareté du contenu, la faiblesse du texte, témoignent de la pesanteur et de la cristallisation de cette population, rêvée et incarnée, qui se complait dans les couches de l'inconscient, loin du débat soulevé précédemment. Après tout, chacun sa place. Ce genre est d'abord un jeu et un appel au rêve.

Arbre.feerieRappelons, grâce à ce schéma extrait du livre Total Kabbale de Maggy WHITEHOUSE (Guy Trédaniel éditeur), la place traditionnelle dévolue à la féerie dans le triangle inférieur de l'Arbre de vie, le monde éthérique. Il y a heureusement d'autres sphères avec différents degrés de réflexion et de connaissance dans ce Royaume.

Une mention particulière pour le talent, la sincérité et la générosité de l'illustrateur GODO qui a créé un univers graphique authentique, et même son propre salon, « Les Féeries du Bocage. »

Un grand remerciement aussi pour Hervé GOURDET et Maryline MAILLET. Leurs efforts pour animer le Printemps des Légendes des Ardennes, et leur gentillesse, nous sont allés, et restés, droits au coeur.

Notre propre défi est désormais d'oeuvrer à intéresser un public plus large et plus curieux.

Nous terminons en décernant un bonnet d'âne (ce qui reste féerique !) à l'Office du Tourisme de Tréhorenteuc, qui n'a pas voulu mettre en vente, ou même présenter, notre poster de Merlin et Viviane en Brocéliande, pourtant dédié à ce lieudit, sous prétexte de « manque de place...! »

Nous espérons que feu l'Abbé GILLARD ne va pas se retourner dans sa tombe à l'église de ce célèbre village. Quant à Merlin P1050847et Viviane, ils rigolent; ils en ont vu d'autres. Rappelons que la Tradition n'a de sens que si elle est renouvelée et transmise. C'est faire bien peu de cas de notre démarche, qui n'est pourtant pas si courante. L'argument qui nous a été opposé est invraisemblable, alors qu'il existe une salle annexe d'exposition dans l'Office de Tourisme.

P1050848Il existe une certaine « France profonde » qui croit encore que travailler, c'est simplement répondre à la demande, ou d'ouvrir le tiroir-caisse. Désolé, mais de nos jours, et surtout dans l'avenir, travailler, c'est d'abord réfléchir et créer. « La Porte est est en-dedans, » n'est-ce pas ? Mais après tout, nul n'est prophète dans son pays, même en Brocéliande.

Heureusement, le vent de l'esprit souffle haut et fort à en Bretagne, à Lorient, Carhaix et ailleurs.

En route, Féeric, la quête continue.

Bonne fête de Samhain, entre les vivants et les morts, en évitant l'Ankou.

 

Eric LE NOUVEL

Novembre 2012

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